Quelle est la magie particulière qui tisse les liens familiaux? Comment se fait-il que parfois ces liens soient rompus? En visionnant des dizaines et des dizaines de courts métrages passionnants soumis à Téléfilm pour le Marché du court métrage de Clermont-Ferrand 2021, je me suis trouvé à porter un regard très nuancé sur les infinies subtilités des relations familiales : les hauts, les bas, les bonheurs comme les peines.
Le programme de sept courts métrages commence par la joie. Dans le film doux et amusant La Leçon de musique de Peter Venne, Seb est un membre attachant d’un groupe familial de mariachis, qui décroche un emploi de professeur de guitare dans sa communauté. Mais comme il travaille 24 heures sur 24 à jouer et à enseigner la musique, il apprend rapidement quelque chose d’inestimable sur l’importance de prendre du temps pour ses nouveaux centres d’intérêt.
Dans le touchant et poignant No More Parties de Natalie Murao, les pressions familiales commencent à peser sur Rose, une jeune femme qui vit à la maison avec ses parents. Après avoir décidé d’assister à la soirée karaoké d’une amie, malgré une entorse à la cheville et l’inquiétude de sa mère, Rose comprend que la proximité de la famille peut être très relative.
La famille peut également traverser des épreuves, mais comme le montrent certains de ces courts métrages, elle peut aussi résister et trouver du réconfort. Par exemple, le court métrage documentaire magnifiquement animé de Lyana Patrick, La Gare ferroviaire, se penche sur les gestes d’amour d’une grand-mère, partageant un souvenir personnel, ou encore un récit de survie, dans lequel il est question du pensionnat autochtone de Lejac, dans le nord de la Colombie-Britannique.
Au même moment, dans Fanmi (« famille » en créole haïtien) de Sandrine Brodeur-Desrosiers et Carmine Pierre-Dufour, puis dans Dans l’attente… de Lev Lewis, la maladie d’une mère est à l’origine de conversations bouleversantes — certaines dures, d’autres franches — à propos des connexions familiales et des situations difficiles à venir. Dans le premier film, le diagnostic est tout récent, tandis que dans le deuxième, c’est une réalité bien établie. Il s’agit de deux revers d’une même médaille, aussi puissantes l’une que l’autre.
D’un autre côté, La Mort délibérée de mon père de Rose Katche pose un regard captivant sur une dynamique familiale des plus complexes. Le court métrage commence et se termine par des scènes dans un salon, où Zoey, une jeune femme, envisage un acte de défi après l’éruption embarrassante de son père lors de son dîner de remise de diplôme. Le résultat est un type d’éloignement différent, mais totalement rafraîchissant.
Nous le savons, la famille, c’est du travail. Ça peut même être le travail d’une vie pour les parents. Dans le documentaire Le Fruit du labeur d’Ophelia Spinosa, le dernier court métrage de la sélection, la cinéaste braque la caméra sur son père, un homme qui dirige un vignoble, et lui pose des questions pertinentes sur le soin à donner aux choses qui poussent et sur l’amour divin qu’il faut y mettre.
L’année dernière m’a permis de porter un nouveau regard sur les personnes les plus chères à mes yeux. J’espère sincèrement que tous ceux et celles qui prendront part (virtuellement) au Marché du court métrage de Clermont-Ferrand 2021 aimeront ce programme.
JAKE HOWELL
Jake Howell est un scénariste et un programmateur de films indépendant de Toronto.